A VOIR CET éTé : L'EXPOSITION DE ORA-ITO à SAINT-PAUL DE VENCE

Tout le monde connait Ora-Ito designer. Grammatoly, son exposition personnelle à la galerie Podgorny à Saint-Paul de Vence, offre l’occasion de découvrir Ora-Ito artiste. En six tableaux-sculptures composés de color-blocks ronds ou rectangulaires connectés par un châssis biomorphique en résine blanche, celui-ci s’autorise pour la première fois à créer des formes libérées de leurs fonctions.

La grammaire du premier n’est pas absente des œuvres du second, cependant. Se révèle plutôt l’unité sous-jacente du travail de celui qui n’a jamais cessé d’être actif depuis son entrée fracassante dans le monde du design avec ses piratages de marque de luxe, au début des années 2000, multipliant par la suite créations iconiques (pour Heineken, Cassina, Guerlain…), réalisations industrielles ou aménagements urbains.

Dans celle-ci, on trouve des influences d’artiste. On songe à la palette d’Ellsworth Kelly et aux peintures du mouvement hard-edge des années 1960, mais adouci par des bords arrondis qui évoquent les courbes de La Cité Radieuse du Corbusier, où Ora-Ito a créé un centre d’art, ou bien encore les créations en céramique de Fernand Léger à la fondation Maeght toute proche, à côté de laquelle il a vécu une partie de son enfance.

Cette « grammatologie » emprunte aussi des éléments à son époque. On pense à l’ubiquité de ces formes colorées dans notre quotidien : du logo de Windows, constitué de quatre couleurs primaires formant un drapeau, aux interfaces des écrans tactiles. Et pour cause. Pourquoi ces pads digitaux ne seraient pas aux créateurs contemporains ce que les panaches de fumée des locomotives furent aux impressionnistes ?

Mais c’est ce qu’il y a d’énigmatique dans ces œuvres en forme de cartouches égyptiens qui retient le plus l’attention. Tel Claude Lacombe, le savant joué par François Truffaut dans Rencontres du Troisième type, obsédé par cinq notes de musique qui se révèleront être un langage extra-terrestre, leurs trois couleurs dont le rapport varie en fonction d’une règle indéchiffrable donnent l’impression qu’elles aspirent à nous communiquer les messages d’une vie venue d’ailleurs. C’est peut-être par-là que ce travail rapproche le plus Ora-Ito de la définition qu’Arthur Rimbaud donnait de l’artiste : “être un Voyant”.

Grammatoloy, Part one, jusqu'au 15 juillet 2024 à la Galerie Podgorny, Place de Gaulle, 06570 Saint-Paul de Vence.

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