LA PEUR DE L'AVION : COMMENT LA SURMONTER AVEC LES CONSEILS D'UNE PSYCHOLOGUE (ET CE QU'IL FAUT SE REMéMORER EN CAS DE TURBULENCES)

La peur de l'avion… Nous sommes nombreux à l'éprouver. Que vous soyez anxieux avant de monter dans l'avion ou à bord lors des turbulences, Vogue s'est adressé à une psychologue qui vous partage ses conseils pour être apaisé.

Comment prendre l'avion en toute sérénité ?

La vidéo intitulée “Fear of flying tip” (traduit par “astuce contre la peur de l'avion”), postée en 2022 sur TikTok par l'influenceuse Anna Paul comptabilise près de quarante millions de vues. Un chiffre suggérant à quel point l'aérophobie est répandue. Dans le clip d'une minute, la jeune fille revient sur la “théorie de la gelée”.

La théorie de la gelée peut aider à surmonter la peur des turbulences en avion

La jeune fille explique avoir reçu ce savoir d'une amie dont le fiancé est pilote. Dans sa vidéo, elle montre un récipient de gelée dans lequel elle insère une boule de papier représentant l'avion suspendu dans le ciel. “En présence de turbulences”, explique-t-elle en faisant vibrer la gelée avec ses doigts, “l'avion vibre mais la pression de l'air sur toute sa surface le maintient en vol. Si la cabine commence à trembler, n'ayez pas peur et imaginez plutôt que vous êtes suspendu dans de la gelée : vous ne risquez pas de tomber”.

Vous n'êtes toujours pas rassuré ? Pas de panique. Il existe des astuces pour surmonter sa peur et l'atténuer, comme l'explique le Dr Valeria Fiorenza Perris, psychothérapeute et directrice du service de psychologie en ligne Unobravo.

Pourquoi avons-nous peur de l'avion ?

“La peur de l'avion est souvent due à un manque de familiarité avec les avions. Dans la plupart des cas, cette méfiance initiale disparaît ou s'atténue avec l'expérience et l'habitude. Cependant, on peut parler de phobie si le sentiment de peur persiste et atteint un niveau élevé, au point de provoquer de forts états d'anxiété avant ou pendant le vol. Comme pour les autres phobies, ce qui déclenche la peur n'est pas l'objet de la peur lui-même, mais la perception subjective de l'individu et la manière dont il interprète une certaine situation”, explique la psychologue.

Quels sont les effets de cette phobie sur le corps et l'esprit ?

“La peur de l'avion peut se manifester différemment d'une personne à l'autre et varier en durée et en intensité, mais les symptômes généraux peuvent être similaires, qu'il s'agisse d'une phobie profonde et persistante ou que la peur soit limitée à des turbulences. Les symptômes les plus courants de la peur de l'avion comprennent des manifestations physiques telles qu'une transpiration excessive, des tremblements, des palpitations ou une accélération du rythme cardiaque, des difficultés respiratoires, des nausées ou des maux d'estomac, des vertiges et des tensions musculaires. Sur le plan émotionnel, il est possible de ressentir une anxiété intense ou de la panique, des sentiments de terreur, d'impuissance ou de manque de contrôle, et parfois même une anxiété anticipée des jours précédents. D'un point de vue cognitif, la peur de l'avion peut entraîner des pensées obsessionnelles axées sur les dangers potentiels”, explique la psychologue Valeria Fiorenza Perris.

Comprendre l'origine de la peur permet d'en atténuer les symptômes

“L'aérophobie peut avoir différentes origines et être influencée par une combinaison de facteurs psychologiques, culturels et d'expériences personnelles. Des épisodes de turbulences ou des expériences de vol traumatisantes contribuent à l'apparition de cette peur. Toutefois, dans certains cas, la peur de l'avion peut également se manifester chez des personnes qui n'ont jamais pris l'avion et être influencée par des causes lointaines, telles que des facteurs sociaux et familiaux, des traumatismes ou des modèles de comportement acquis. Le sentiment de ne pas avoir le contrôle pendant un vol peut également être une grande source d'anxiété pour certains. Pour faire face à cette peur, il faut prendre en compte les expériences et les circonstances propres à chaque individu. Comprendre la nature de sa peur est donc la première étape pour la surmonter. Avec une bonne prise de conscience, des outils appropriés et, si nécessaire, le soutien d'un expert, il est possible de développer une perspective différente et de surmonter cette phobie”, poursuit la psychologue.

Vaincre la peur de l'avion : 6 conseils pratiques à suivre avant et pendant le vol

“Il existe de nombreuses astuces à adopter pour profiter au mieux du voyage”, explique le Dr Fiorenza Perris.

1 - “Tout d'abord, se préparer correctement dans les jours qui précèdent le vol, en s'informant sur les différentes phases du vol, en particulier le décollage et l'atterrissage, peut être d'une grande aide. Savoir à quoi s'attendre et comprendre la dynamique peut aider à rationaliser les craintes et à se sentir plus en sécurité.”

2 - “Il est également important d'éviter d'alimenter ses peurs avec des informations négatives ou catastrophiques. Il est essentiel de limiter l'exposition aux informations susceptibles de surestimer la probabilité d'accidents d'aviation ou de situations d'urgence. Inversement, la recherche d'informations sur la sécurité des vols peut aider à contrer les croyances irrationnelles qui alimentent souvent l'aérophobie.”

3 -“Avant de prendre l'avion, il est également déconseillé de consommer de l'alcool et de la caféine. L'alcool peut en effet accroître l'anxiété et réduire la vigilance, tandis que la caféine peut intensifier la nervosité. Il est préférable de boire de l'eau ou des tisanes pour rester hydraté et détendu.”

4 - “Avant et pendant le vol, il peut être très bénéfique de faire des exercices de relaxation. Des techniques telles que la respiration diaphragmatique, la pleine conscience, la méditation ou des techniques de relaxation telles que le training autogène (technique d'auto-hypnose) ou la relaxation progressive de Jacobson peuvent aider à calmer le corps et l'esprit. Écouter de la musique relaxante peut également aider à se détendre et à vivre le voyage avec plus de sérénité.”

5 - “Pendant le vol, il est également conseillé de s'occuper avec d'autres activités. Lire un livre, écouter de la musique, regarder un film ou discuter avec d'autres passagers sont autant d'activités qui peuvent aider à garder l'esprit occupé et éloigné des pensées négatives.”

6 - “De nombreuses compagnies aériennes proposent des ressources spécifiques aux passagers souffrant de phobie de l'avion. Se tourner vers l'équipage pour obtenir un soutien émotionnel peut aider à réduire le stress.”

Quand faut-il envisager de consulter un psychologue ?

“Si, malgré tout, l'anxiété ne montre aucun signe d'apaisement, mais devient au contraire si intense qu'elle interfère profondément avec notre vie quotidienne (par exemple, en nous amenant à éviter les voyages, à éprouver une très forte anxiété anticipatrice des jours ou des semaines avant le vol, ou à se manifester par des symptômes physiques intenses et difficiles à contrôler), il peut être utile de chercher un soutien professionnel. La psychothérapie, en particulier la thérapie cognitivo-comportementale, s'est révélée très efficace dans le traitement de phobies spécifiques telles que l'aérophobie. Avec un thérapeute, nous pouvons explorer en profondeur l'origine de notre phobie et développer de nouvelles façons de gérer l'anxiété, afin de la surmonter efficacement et durablement.”

Des remèdes qui ne peuvent être recommandés que par un médecin

“L'utilisation de médicaments calmants doit toujours être prescrite et suivie par un médecin, qui évaluera votre cas et déterminera quel type de traitement est approprié. Il faut également garder à l'esprit que la prise d'anxiolytiques peut contribuer à réduire les symptômes en apportant un soulagement rapide à l'anxiété intense, mais qu'elle n'affecte en rien la prise en charge des causes profondes. Il faut également toujours tenir compte du fait que les médicaments peuvent avoir des effets secondaires et, s'ils sont utilisés à long terme, peuvent induire une dépendance. Dans de nombreux cas, l'utilisation combinée de la psychothérapie, des techniques de relaxation et, en cas de besoin avéré, d'un usage limité et contrôlé de médicaments, peut être une solution efficace et souvent décisive.”

Article publié initialement sur Vogue Italie

Traduction par Julie Ackermann

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