APPRENEZ à RECONNAîTRE UN STYLE ARCHITECTURAL EN 10 SECONDES

Apprendre à reconnaître immédiatement un style architectural

Même si on nous enseigne souvent les grands courants artistiques à l'école, certaines subtilités peuvent encore nous échapper et nous empêcher d'y voir clair lorsqu'on visite un nouveau lieu. L'histoire de l'architecture est dense, complexe, mais il existe des astuces simples pour s'y repérer et ne plus confondre les styles. C'est la promesse du livre Les Styles en Architecture d'Owen Hopkins, un guide visuel très utile publié par Dunod. Cet ouvrage didactique nous rappelle les grands courants de l'architecture, depuis l'Antiquité. Nous en avons soustrait la substantifique moelle pour vous livrer ici le condensé le plus accessible (et non exhaustif) des styles.

1. Le style classique

Les architectures antiques grecques et romaines (VII^e siècle av. JC au IV^e siècle ap. JC) se distinguent par ces éléments :

1. Une structure à poteaux et poutres, comme les temples qu'on retrouve en nombre en Grèce et en Italie.
2. Le péristyle : des rangées de colonnes qui entourent les temples, comme la Maison Carrée à Nîmes.
3. Les arcs, qu'on retrouve par exemple dans les aqueducs comme le Pont du Gard.
4. Des voûtes et coupoles, à l'instar du Panthéon à Rome.
5. La monumentalité, symbole de pouvoir, qu'on retrouve dans de nombreux édifices romains comme le Colisée.

2. Le style byzantin

L'architecture chrétienne (IV^e au XV^e siècle) présente deux styles principaux, roman (Europe) et byzantin (Méditerranée orientale). Ce dernier, qui s'ancre dans l'empire byzantin fondé par Constantin au IV^e siècle, se caractérise ainsi :

1. Des mosaïques figuratives représentant des scènes bibliques, des plantes et des animaux.
2. Des basiliques composées de vastes nefs, un plan rectangulaire et des colonnades intérieures.
3. De la brique et du plâtre.

La basilique San Vitale de Ravenne, en Italie orientale, est l'exemple typique.

3. Le style roman

Très présent en France, le style architectural roman s'ancre dans les XI^e et XII^e siècles. On le reconnaît ainsi :

1. Des tour jumelles en façade des cathédrales.
2. Des arcades dans les églises, formant souvent une voûte en forme de berceau au centre.
3. Une abside dans chaque église : une niche en demi-cercle à l'arrière de l'édifice.
4. Des piliers et colonnes massifs.
5. L'austérité de la géométrie, notamment dans les constructions normandes.

4. Le style gothique

En opposition avec le style roman, épuré et clair, le style gothique (XII^e au XV^e siècles) multiplie les ornements, les formes complexes et les vitraux colorés :

1. Les arcs brisés : deux courbes se coupent au sommet de l'arc brisé, comme dans la basilique de Saint-Denis.
2. La voûte nervurée : la voûte gothique est traversée de nervures, contrairement aux voûtes romanes plus minimalistes.
3. L'arc-boutant : ce demi-arc sert de contrefort aux murs extérieurs des églises, comme à Notre-Dame de Paris.
4. La hauteur, notamment dans le sous-style gothique rayonnant (ex : la cathédrale de Beauvais qui atteint 43 mètres de hauteur).
5. La rosace : une fenêtre circulaire richement décorée de vitraux, comme à Chartres.
6. Une décoration exubérante, notamment en façade, avec de multiples sculptures et bas-reliefs.

5. La Renaissance

La Renaissance (XV^e et XVI^e siècles), née en Italie, est un tournant dans l'histoire de l'architecture, mettant fin aux styles médiévaux au profit de principes plus clairs :

1. L'imitation de l'Antiquité en revenant à ses préceptes architecturaux, comme nombre d'édifices florentins.
2. Des lignes légères et raffinées, comme dans le palais Médicis à Florence, conçu par Michel-Ange.
3. La grandeur des proportions, à l'image du palais Farnèse à Rome.
4. La symétrie des volumes.

6. Le style baroque

Il n'existe pas un, mais différents styles baroques (XVII^e et XVIII^e siècles), selon les régions d'Europe, de l'Italie à l'Europe de l'Est. Voici leurs points communs :

1. Des façades courbes, comme à Santa Maria della Pace à Rome.
2. Des ovales et angles obliques, comme dans le dôme de San Lorenzo à Turin.
3. Des trompe-l'œil, avec des plafonds peints dans l'illusion picturale, comme si les sujets s'élevaient dans le ciel.
4. Le début des aménagements paysagers et du jardin à la française.

8. Le style rococo

Considéré comme un sous-style du baroque — et même comme son paroxysme, le style rococo (XVIII^e siècle) mérite d'être traité à lui seul pour ses singularités :

1. La virtuosité technique des ornements : moulures complexes, sculptures fines et multiples.
2. La décoration à feuillages, sinueuse et dentelée.

Si le style baroque touche principalement les édifices religieux, le rococo s'ancre, lui, dans les résidences privées de France, d'Allemagne et de Russie.

9. Le néoclacissisme

Comme son nom l'indique, le néoclacissisme (XVIII^e et XIX^e siècles) prône un retour aux principes architecturaux antiques : arcs, colonnes, monumentalité… Il a été fortement influencé par la découverte de Pompéi en 1748 et l'intérêt renouvelé pour l'architecture grecque et romaine.

1. L'un des exemples emblématiques est le Panthéon ou la colonne Vendôme (sur la place éponyme) à Paris.
2. Certains architectes vont même jusqu'à créer de fausses ruines, comme dans le parc des Buttes Chaumont à Paris.
3. En Angleterre et en Amérique du Nord, le néoclassicisme se caractérise par des constructions harmonieuses et dotées de colonnes, comme le Capitole de Washington.

10. L'éclectisme

L'éclectisme (XIX^e et première moitié du XX^e siècle) au nom éloquent résulte des avancées techniques du XIX^e siècle permettant aux architectes de multiplier les fantaisies et d'inventer de nouvelles manières de penser les bâtiments. Il se décline en de nombreuses expressions architecturales à travers l'Occident :

1. Néogothique : il s'agit de reprendre les canons du gothique, comme au Museum d'histoire naturelle d'Oxford.
2. Orientalisme : tiré des grands voyages en « Orient », ce mouvement très vaste réutilise les codes des régions indiennes, perses, égyptiennes, mauresques, chinoises…
3. Beaux-Arts : nommé d'après les Beaux Arts de Paris, il préconise l'utilisation de plans axiaux, structures métalliques et de façades verticales : l'Opéra Garnier, l'ancienne BNF ou la place de l'Etoile à Paris, selon les plans d'Haussmann, en sont d'éminentes illustrations.
4. Arts & Craft : en réaction au modernisme naissant, ce mouvement anglo-saxon favorise un retour à l'artisanat et aux formes anciennes d'architecture : vernaculaire, pittoresque et centrée autour de la nature.
5. Art nouveau : des formes organiques, expressions de la modernité (comme les bouches de métro parisien métalliques) et le contraste des matériaux.
6. Art déco : ses lignes s'inspirent des nouveaux modes de transport (trains, paquebots, automobiles) : formes rectilignes et géométriques, dorures. Il voit la naissance des premiers gratte-ciel américains ou de grands cinémas comme le Rex à Paris.

11. Le modernisme

« Réponse culturelle aux conditions de l'époque, le modernisme est supposé transformer la façon dont les gens vivent, travaillent », précise notre livre. Reflet des avancées technologiques nées de la révolution industrielles, le modernisme a vocation a transformer les modes de vie. Différentes écoles (Chicago, Bauhaus, brutalisme) traversent le XX^e siècle avec quelques points communs :

1. Des lignes droites : des façades rectilignes, des lignes parallélépipédiques, comme les bâtiments Bauhaus en Allemagne.
2. Des formes organiques construites avec des matériaux modernes, comme les réalisations de Frank Lloyd Wright.
3. Des formes élémentaires et épurées, dont les bâtiments brutalistes sont l'ultime illustration.
4. De grands volumes, parfois monumentaux, comme les gratte-ciels américains.
5. L'esthétique industrielle, comme les tuyaux apparents du Centre Pompidou à Paris.
6. L'acier, le béton et le verre sont les principaux matériaux privilégiés.

12. Le postmodernisme et autres réactions au modernisme

En réaction à la rigueur du modernisme, plusieurs courant viennent créer la rupture en proposant de nouvelles manières de penser l'architecture :

1. Le postmodernisme, complexe, extravagant et plus excentrique que le modernisme, à l'image des célèbres Espaces d'Abraxas de Ricardo Bofill.
2. Le déconstructivisme, qui déconstruit littéralement les bâtiments en décomposant ses strates, comme le musée Guggenheim de Bilbao par Frank Gehry ou certaines réalisation de Zaha Hadid.
3. Le régionalisme, le contextualisme et l'éco-architecture proposent de revenir aux formes vernaculaires de l'architecture, en symbiose avec son environnement ou sa fonction, contrairement à la vision universaliste du modernisme.